Manon (III)

Un claquement de porte, la douleur, l'étonnement, la terreur, un choc...

« - Manon !
- Chuuut, je suis là Lucie, ne t'en fais pas.
- Où est-elle ? Où je suis ? Nathan j'ai peur..... »
Nathan essaye de consoler sa sœur comme il le peut. Il fait tout ce qu'il peut pour qu'elle ne réveille pas leurs parents. Le jour commence tout juste à se lever, la lumière traverse le rideau jaune pâle de la porte-fenêtre du salon, il le regarde ondulé au gré de la douce brise qui le fait bouger à travers la petite ouverture qu'il a laissée volontairement, tout en essayant de comprendre ce que lui dit sa sœur. Elle répète toujours le même prénom, Manon. Il se fait beaucoup de soucis pour elle, il ne l'avait jamais vu dans cet état depuis... depuis Valentine. Nathan rallonge sa sœur sur le canapé et va lui chercher un verre d'eau et un mouchoir. Ca lui fait beaucoup de peine de la voir comme ça et surtout de savoir qu'il ne peut rien pour elle pour le moment. Il la regarde dormir avec ses joues baignées de larmes pressées contre l'oreiller, sa poitrine secouée de sanglots et son corps entier parcouru de frissons. Malgré le choc qu'elle parait avoir subit, Lucie est belle aux yeux de son frère qui la toujours considérée comme la chose la plus précieuse qu'il n'a jamais vu sur cette terre. Nathan aime sa sœur plus que tout au monde et la voir dans cet état le rend malade. Il attend alors patiemment qu'elle se réveille et que ses parents se lèvent tout en préparant le petit déjeuner.
Lorsqu’il revient au salon avec, sur un plateau, de quoi faire un copieux repas, il retrouve sa sœur assise en tailleur sur le canapé, les yeux dans le vide regardant la télévision ou plutôt à travers elle. Il pose alors le plateau sur la table basse, s’assoit à ses côtés et prend ses mains dans les siennes tout en lui demandant ce qui lui est arrivé la veille au soir.
« - Elle était assise comme ça, sur sa tombe. Elle me regardait et, malgré la tristesse et la colère que je ressentais dans ses yeux, elle souriait. Elle m’a parlé, elle m’a demandé de l’aider, mais je ne peux rien pour elle. Elle m’a parlé d’un serpent mais je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas pourquoi elle m’a parlé de ce serpent, je n’arrive même pas à comprendre pourquoi elle s’est adressée à moi. Dis-moi que j’ai rêvé Nathan, je t’en prie, dis-moi que cette fille n’est qu’un cauchemar.
- Je ne sais pas Lucie, tu étais seule dans le cimetière, je suis arrivé au moment où tu en sortais comme une furie. Tu avais l’air si terrifiée, on aurait pu croire que tu avais le diable aux trousses. Tu m’as fait tellement peur, j’ai cru lire dans tes yeux de la folie, tu avais l’air si bouleversée, je n’ai pas trouvé d’autre moyen pour te calmer que de te murmurer l’air que vous chantiez sans arrêt avec Valentine. Le plus beau dans tout ça, c’est que ça a marché. »

Lucie prend alors son frère dans les bras et le sert très fort contre elle tout en essuyant ses larmes de ses mains tremblantes. Elle le supplie alors de ne rien dire à leurs parents, qu’ils la prendraient et la renverraient chez la psychologue. Après que Nathan lui ai promis de garder ça pour lui, elle allume la télévision tout en commençant à dévorer ce que lui a préparé son frère et tous les deux rient devant les dessins-animés stupides que leur propose la 1. Tant de souvenirs qui lui reviennent à l'esprit, tant de joie, tant de peine, tellement de sentiments contradictoires qui bouleversent son cœur, mais malgré cela, Lucie garde toute sa tristesse et tous ses doutes pour elle, comme elle l'a toujours fait même dans les pires moments de sa pourtant si petite vie.

La tite puce.